Sans gêne [PV Adam]

Nao venait juste de rencontrer la secrétaire, qui lui avait aussitôt vivement conseillée d’aller faire un tour dans le bureau du directeur. Apparemment, elle devait remplir certaine paperasse…
C’était seulement après avoir déambulé un bout de temps dans les couloirs qu’elle s’en souvint. Et pour cause, elle se trouvait désormais devant l’entrée de la pièce en question. Sur la porte se trouvait une petite plaquette aux jolis reflets dorés : ‘Bureau du directeur’.

° Je n’y échapperais pas, autant le faire maintenant…° Se dit la jeune femme non sans lâcher un soupir agacé.

Elle poussa la porte sans prendre la peine de frapper : après tout, elle était la co-directrice, ce bureau lui appartenait également. Elle ne fut pas très surprise de découvrir la salle déserte. En effet, qui accepterait de rester croupir ici ?
Un petit sourire étira le coin de ses lèvres, lorsque son regard tomba sur le colossal fauteuil en cuir noir, tellement propre au cabinet des supérieurs. Elle s’y laissa tomber sans même jeter un coup d’œil sur le paquet de feuille soigneusement posé sur le bureau. A la place, Nao se mit à l’aise, et posa ses pieds dessus.

« Finalement, ce n’était pas une si mauvaise idée que cela de venir ici. » Dit-elle, amusée.

La demoiselle lissa sa robe pourpre qui épousait parfaitement bien les courbes de son corps, puis arrangea son décolleté.

Adam revenait de son petit "tour du propriétaire" dans le lycée. Il avait déambulé une bonne 1/2 heure dans les couloirs, avait rencontré quelques collègues et quelques élèves, et revenait reprendre son travail dans son bureau.
C'est avec insouciance qu'il en poussa la porte, tout occupé qu'il était à souffler sur le café brûlant qu'il s'était servi dans la salle des profs. Autant dire que rien ne l'avait préparé à ça. Cette fille vautrée dans SON fauteuil les pieds négligemment posés sur SES dossiers!

L'éminent directeur s'étrangla avec la petite gorgée de café qu'il avait eu l'impudence de porter à ses lèvres en entrant, toussa, cracha, s'étouffa, et s'ébouillanta en renversant la moitié de sa tasse sur sa chemise, au niveau de son torse.

"WAAAAAH! Putain de... nom de... Raaah la vache!" Vociféra-t-il, ne sachant plus où donner de la tête entre la douleur et la surprise de trouver cette nana dans son bureau.

Quand sa peau s'habitua à la brûlure, qui ne perdait pourtant pas en intensité, il beugla :

"Qu'est ce que vous fouttez ici!?"

Nao tourna soudainement la tête vers la porte qui venait de s’ouvrir, laissant apparaître dans son encadrement un homme d’une trentaine d’année. Aussitôt, elle se redressa et ôta les pieds du bureau. Mais il était trop tard…

° Pris en flag ma grande. °

Elle se mordit la lèvre inférieure, comme pour compatir à la douleur que devait ressentir l’inconnu après qu’il est renversé les trois quart de son café bouillant sur chemise, qui a l’origine, était blanche.
La situation était assez cocasse, et Nao devait fournir un effort incommensurable pour ne pas se moquer ouvertement du jeune homme. Ses vociférations tout à fait déplacées la convaincu définitivement de n’afficher sur son visage, ni sourire, ni manifestation de joie, et le ‘on reste poli’ resta coincé dans sa gorge.
Il s’adressa ensuite à elle, où plutôt, lui gueula dessus.

« Ce que je veux. »

C’était sorti tout seul, et si la demoiselle regrettait déjà ces paroles, elle ne le montra pas. Elle planta juste son regard dans celui de son interlocuteur, d’une façon assez provocante.

Visiblement, cette jeune femme aimait jouer avec le feu... Cependant, peu habitué à ce qu'on lui réponde de cette façon, Adam marqua un temps d'arrêt et releva la tête qu'il avait baissée pour regarder l'étendue des dégats sur sa chemise.
Il planta son regard dans le sien, qu'elle soutenait effrontément après avoir répondu cette énormité.

"Virez-moi-vos-pe-tites-fesses-de-mon-fauteuil" Déclara distinctement, en détachant ses syllabes, et d'un ton plutôt féroce Adam, qui n'était vraiment pas d'humeur à plaisanter.

Sa chemise collait à son torse et avivait désagréablement la brûlure du café. Il n'avait qu'une hâte, la retirer, ce qu'il ferait dès qu'elle aurait quitté son fauteuil.

Alors c’était donc sa, le directeur…
Rien de plus qu’un jeune homme aux cheveux court, au visage fin, à la peau pâle, au regard farouche et à la chemise souillée. Mignon certes, mais bien moins imposant que ne l’avait espéré Nao.
Cette dernière, davantage par pitié que par docilité, quitta le fauteuil, sans se presser, puis alla s’asseoir sur le petit siège d’en face, de l’autre côté du bureau.

« Je suis votre adjointe, ce bureau est également le mien. » Dit-elle d’une voix tranchante, les sourcils légèrement froncés afin de ce donner une contenance.

Les yeux de la demoiselle se posèrent sur un des papiers où demeurait la marque de ses bottines, le document en question était adressé à ‘Monsieur le Directeur Adam Fenril’.

° Joli prénom. ° Ne put-elle s’empêcher de penser, avant de reprendre la parole.

« Par conséquent, je n’ai pas à justifier ma présence ici, Mr le Directeur Adam Fenril. » Elle appuya bien sur ces derniers mots, histoire qu’il sache qu’elle savait parfaitement à qui elle s’adressait.

Adam n'éprouva aucune satisfaction particulière à la voir quitter son siège. Cette scène n'aurait tout simplement pas dû avoir lieu. C'était le seul endroit de tout ce fichu lycée où il était sensé pouvoir se retrouver tranquile, le seul à moins de passer la moitié du temps enfermé dans les chiottes, ce qui ne serait pas très pratique pour avancer dans son boulot.

Sur le même ton sarcastique que Nao avait employé, Adam répondit :

"Ceci n'est pas votre bureau, mademoiselle-la-directrice-adjointe-je-fourre-mes-bottines-dégueulasses-partout."

En disant cela, il rassembla les feuilles qu'elle avait dispersées en posant ses chaussures dessus, époussetant les traces de terre qu'elle y avait laissé.

"Vous savez lire, je suppose. Vous avez donc lu la plaque sur la porte. Il y a bien écrit "Adam Fenril" tout seul, pas "Adam Fenril et son adjointe casse burnes". Votre bureau se trouve juste à côté, mais je suppose que vous le savez pertinemment."

Il secoua la tête, agaçé. Il se dit qu'avec la chance qu'il avait elle prendrait ses propos au pieds de la lettre et qu'ils allaient entammer une joute verbale interminable telles qu'il les détestait.

Nao croisa les jambes, puis les bras. Elle était bien calée dans le creux de son siège, et ne comptait pas bouger de si tôt.

« Il se pourrait bien que ‘mademoiselle-la-directrice-adjointe-je-fourre-mes-bottines-dégueulasses-partout’ aye nicher ses chaussures ailleurs dans cette pièce, et croyez moi, se sera tout aussi douloureux qu’embarrassant. » Menaça la jeune femme, alors que sa bouche s’étirait en un sourire féroce.

Sous entendu que le directeur saisirait immédiatement, elle en était certaine.
La co-directrice prit une mine renfrognée aussitôt que les mots ‘votre bureau se trouve juste à côté, mais je suppose que vous le savez pertinemment’ lui parvinrent. Eh bien non, elle l’ignorait.
Comment était-elle censée le savoir ?! Elle venait juste d’arriver.
Elle n’en laissa rien paraître, et se contenta d’acquiescer en silence, avant de reprendre.

« Casse burne… Vous êtes sûr ? Je devrais peut-être vérifier l’étendu des dégâts, alors… » Nao laissa sa phrase en suspend, et passa une langue provocatrice sur ses dents.

Ses yeux, emplis de malice, brillèrent. A l'évidence, la jeune femme s'amusait beaucoup...

Adam eut un soupir las.

Mais qu'avaient-ils donc tous ce matin? S'étaient ils donné le mot pour venir le faire chier chacun leur tour? QU'avaient tous ces femmes à entrer ainsi dans son bureau, à faire preuve de la pire grossièreté et à s'en rire en plus?
C'était totalement invraissemblable.
Adam commençait à croire qu'il avait eu tort d'accepter ce travail. Il semblait que l'équipe enseignante n'ait pas plus de cervelle que les élèves qu'elle encadrait.
Il haussa un sourcil à la "menace" qu'elle lui lança. Mais que croyait-elle au juste?

"Casse burne, oui, c'est ce que vous vous employez consciencieusement à être depuis tout à l'heure, je suppose que vous êtes satisfaite de vous. Très bien. Maintenant si vous avez fini votre petit numéro, laissez moi, j'ai du travail à faire."

Il la regardait, attendant qu'elle bouge, mais celle ci était purement et simplement entrain d'essayer de l'aguicher, une lueur espiègle dans le regard.
Alors ça, c'était le pompon!

"Ah oui, je vois... j'ai compris..."

Siffla-t-il d'un air méprisant.

"Vous avez pensé que ce serait super rigolo de vous taper le directeur dès son arrivée, c'est ça? Et bien votre manège de m'amuse pas du tout."

Son ton était maintenant froid et distant. Toutes ces personnes venaient ici en toute impunité se fouttre de sa gueule et lui reprochaient ensuite son manque de châleur... c'était vraiment incroyable, invraissemblable!

Nao inspectait consciencieusement ses ongles propres, tout en écoutant avec intérêt les paroles d’Adam, un léger sourire aux lèvres.
Son boulot de co-directrice se révélait-être bien plus amusant qu’elle ne l’aurait crue.

« Moi sa m’amuse… C’est le principal. » Dit-elle en passant une main dans sa crinière noire.
« Il faut dire que, vous êtes très divertissant. » Poursuivit-elle en dardant ses pétillants yeux verts dans ceux du directeur.
« Vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même. »

La jeune fille décocha un de ses sourires effrontés dont elle avait le secret, puis se leva lentement du siège, et posa ses deux mains sur le bureau, face au directeur.

« Enfin, sachez tout de même que si je suis là, ce n’est certainement pas pour une partie de jambe en l’air. J’ai des formalités à remplir, la secrétaire m’a dit de me rendre ici… » Se hasarda-t-elle en balayant la surface du meuble du regard, cherchant un quelconque document portant son nom.

« Puis inutile d’être si grossier. » Déclara-t-elle tout haut, sans relever la tête.

Enfin, ses mains se posèrent sur un dossier à la couverture jaune : Nao Saiduya.

Touché? Même si elle n'en montrait rien, Nao semblait avoir décidé de changer de tactique, ou du moins d'attitude. Elle lui débita une tirade sur l'intérêt de son divertissement personnel, avant de l'informer qu'elle était là pour remplir son dossier.

"Allez donc vous divertir ailleurs, si c'est le principal but de votre présence ici." Lâcha Adam sourdement. Tous ces simagrés commençaient à lui taper sur les nerfs.

"Et évitez de me donner de leçon, s'il y a quelqu'un qui a fait preuve de grossierté ici c'est bien vous... mais bien entendu ça vous est égal, tant que ça n'entrave pas votre divertissement!"

Elle avait trouvé son dossier, enfin...

"Voilà vous avez ce que vous cherchiez..." Conclut-il, espérant qu'elle allait enfin s'en aller.

Les yeux de la jeune femme luirent avec d’autant plus d’intensité aux premiers mots d’Adam. Se divertir… Il était étonnant que le directeur possède un tel verbe dans son vocabulaire.
Nao feignit soudainement l’indignation et laissa lourdement retomber la tranche de son dossier sur le bureau, sans pour autant le lâcher complètement. Il était impensable qu’elle s’en aille sans avoir répondu à l’accusation que le jeune homme lui portait.

« Ho, voyez vous sa… C’est moi qui suis grossière ici ? » Dit-elle sans prêter attention au ton plus qu’agacé dont il avait usé.

« Laissez moi donc vous rappeler les performances dont vous avez fait preuve en la matière, tel que : ‘putain’ ‘casse burne’… Quoi d’autre encore ? Ah oui ! ‘Virez-moi-vos-pe-tites-fesses’ aussi, très charmant. » Enuméra-t-elle, tout en comptant sur ses doigts libres.

Nao s’accorda une courte pause, pendant laquelle elle considéra Adam, avant de poursuivre d’une voix allègre.

« Après, si mes sous entendues vous ont choqué, vous m’envoyez désolée. Je ne vous pensez pas si sensible. »

Enfin, la demoiselle se dirigea vers la porte d’un pas vif, mais fit volte face en cour de route.
Un peu de civilité, que diable !

« Vraiment navrée pour vos précieux documents… et votre chemise. » Dit-elle sur un ton faussement affligé.

Le ton était entrain de monter dangereusement, et Nao défendait son bout de gras, ce qui était normal et logique. En l'entendant répéter sarcastiquement quelques unes des expressions qu'il avait employées, Adam ne put que reconnaître qu'il s'était montré lui aussi très grossier! Mais elle l'avait bien cherché non?

"Vous parlez de grossièreté verbale, moi je parle de celle de votre attitude! Auriez vous apprécié que quelqu'un s'installe dans le bureau que vous venez juste d'investir, pose ses pieds dégueulasses sur vos documents, et se paie votre tronche en vous voyant arriver?"

Il crispait les poings d'un air furieux. Pour sur, Adam était quelqu'un de trop sérieu qui avait du mal à lâcher prise. Son abdomen continuait de lui envoyer une pusation cuisante, et il se demandait de quelle couleur pouvait avoir viré sa peau pour lui faire mal comme ça.
Il ajouta alors :

"Sans compter que je me suis ébouillanté par votre faute, ce qui n'est pas pour me mettre de la meilleure humeur qui soit..."

Mais qu'avait-il donc à se justifier au fait? Il n'avait aucun compte à lui rendre, ni d'explications à lui donner... pourtant il lui parraissait soudainement important de le faire...

"Quant à vos sous-entendus..." Il fit un geste vague de la main, un peu dédaigneux, et ne trouvant pas ses mots, termina " peu importe ce que j'en pense..."

L'excuse qu'il attendait lui parvînt, mais le ton sur lequel elle avait prononcé ses paroles démentait le sens qu'elle y donnait. Adam soupira en secouant la tête. Décidément, il n'y avait rien à tirer de cette fille. Il commença à rejoindre son bureau à pas lourds.

Nao n’avait pas à répondre à la question d’Adam, tant la réponse était évidente. Néanmoins, elle eut un haussement d’épaule : non pas que les remords l’assaillaient, mais vu de ce point de vu il était vrai que…
La jeune femme soupira. Plus rien ne la retenait ici.
En quelques pas, elle atteint la porte, et en abaissa la poignée, mais elle ne put se résoudre à dépasser l’encadrement de l’entrée, sans avoir momentanément déposé les armes. Peu envieuse de travailler dans une atmosphère lourde d’antipathie et de rivalité, elle se devait de présenter ses… excuses ?...

Avant de quitter la pièce et de refermer la porte, Nao, d’une moue boudeuse qui ne lui ressemblait pas, fit ce qu’elle avait à faire :

« Excusez mon impulsivité. »

Mots certes prononcés à la va-vite, mais qui englobaient l’ensemble des méprises qu’il y avait eu. Paroles sincères, qui plus est. Chose rare, en sachant que la demoiselle possédait un caractère bien trempé.

La jeune femme, désormais dans l’étroit couloir, alla rejoindre son bureau, juxtaposé à celui d’Adam, comme il lui avait indiqué.

Du bout des lèvres, en quittant la pièce avec son dossier, la jeune femme lui lâcha enfin ses excuses... mais elle semblait le faire tellement à contre-coeur!
Adam se dit que cela lui avait demandé un effort considérable, et que finalement l'important était qu'elle ait reconnu son erreur, mais l'indulgence n'était pas le fort de notre directeur, et comme il était aussi un peu provocateur, il lui lança depuis la porte laissée ouverte, derrière laquelle elle avait disparru :

"Vous n'êtes pas sincère!"

Il resta debout dans son bureau, l'oreille tendue pour entendre son éventuelle réponse.

Nao ricana.
Cherchait-il à de nouveau déclencher les hostilités ? Rien que le fait de lui faire remarquer son flanchement pourrait suffire à l’irriter. Pourtant, c’est d’une voix taquine et amusée qu’elle répondit :

« Pourquoi le serais-je ? »

Sur ce, la jeune femme saisit la poignée de la porte donnant sur son bureau, mais lorsqu’elle poussa, l’accès resta fermé.
Il fallait une clef.

° Pfff… °

Tenant fermement son petit dossier jaune si durement obtenu dans la main droite, elle donna un coup de pied agacé dans la porte.

« En plus il caille dans ce couloir… » Marmonna-t-elle pour elle même, en appuyant le dos contre le mur.

"Alors POURQUOI MENTIR?" Brailla Adam d'une voix exaspérée. Cette fille le poussait à bout, lui tenait tête et... pour une fois il n'en avait pas rien à faire. Il mit ça sur le compte du fait qu'elle était sa collègue et partagerait avec lui cette lourde responsabilité qu'était la direction d'un lycée... oui... ce devait être ça...

*Ahhh merde je vais vivre un enfer!* Se lamenta Adam en tournant les talons pour rejoindre son bureau.

Il l'entendit alors donner un coup de pied dans la porte. Adam s'immobilisa, l'oreille tendue, puis eut un petit sourire. Il n'y avait pas pensé, mais maintenant cela lui parraissait évident.

Il contourna son bureau pour aller ouvrir une petite armoire à clé vissée au mur. Dedans une dizaine de trousseaux pendaient à leurs crochets, des numéros inscirts sur des étiquettes au bout de leurs anneaux.

*Voyons... laquelle est-ce...* Se demanda-t-il en suivant du doigt les inscriptions sur la liste collée à l'intérieur de la porte.

Il se sentait soudain de bien meilleure humeur.

"Haha! la voilà!" Murmurra-t-il en décrochant un petit trousseau qu'il fit immédiatement disparraître dans la poche arrière de son pantalon.

Il sortit alors de son bureau et trouva Nao adossée au mur, l'air furieux.

"Quelque chose ne va pas... chère collègue?"

Demanda-t-il d'unt on exagérément courtois, en la fixant dans les yeux.

Nao commença à feuilleter les pages du dossier, essayant d’évacuer son exaspération via ses mains coléreuses qui manquaient à chaque fois d’arracher les feuilles.
Elle ne fut pas très surprise de constater que la chemise jaune renfermait principalement des papiers administratifs. Ce n’était pas pour arranger les choses, et face à cette montagne de travail, elle renonça à parcourir le dossier, et le laissa tomber à terre.

Immobile, frigorifiée, le regard assassin, elle accueillit son adjoint avec des yeux aux pupilles meurtrières. Mais un sourire victorieux ne tarda pas à apparaître sur ses lèvres : depuis quand le directeur se souciait-il d’elle ?

« Pour une fois que vous n’y êtes pas pour quelque chose. » Dit-elle sur un ton neutre en frissonnant : d’où venaient tous ces courants-d’airs ?

Soudain, dans un éclair de lucidité, la jeune femme réalisa qui se tenait devant elle : le régisseur de cet établissement.
La logique voudrait que le gérant puisse avoir accès à toutes les pièces, y compris le bureau de son impertinente adjointe.

° Quoi que… °

Nao examina longuement Adam, les sourcils froncés, les mains sur les hanches, suspicieuses, avant de tendre la main.

« Les clefs. »

Adam secoua la tête quand elle lui dit qu'il n'y était pour une fois pour rien... Rien ne pouvait plus le mettre de mauvaise humeur maintenant, il était en position de force...

"Hélas, je ne peux donc pas m'attribuer cette gloire..." Constata-t-il avec un demi sourire.

Nao frissonnait. Un courant d'air balayait le couloir, et Adam sentit le liquide qui macculait sa chemise raffraichir la brûlure qui était dessous.

L'adjointe sembla réfléchir, puis se tourna vers lui, l'air suspicieux.

"Les clefs!" Récalmma-t-elle, main tendue, comme s'il était un petit garçon pris en faute.

Adam se maquilla un air vexé, et répondit :

"M'auriez vous pris pour un vulgaire gardien d'immeuble?" Il croisa les bras sur sa poitrine, puis concéda :

"Il se pourrait bien que je sache où se trouve cette clé... Mais il est évident que demandée sur ce ton, je ne pourrais pas vous l'obtenir..."

Il souriait de toutes ses dents.

Nao inspira profondément.
Il ne la coincerait pas aussi facilement…

« Très bien… »

Elle se rapprocha d’Adam, et planta son regard flamboyant dans le sien.

« Aussi longtemps que je n’aurai pas ces clefs, j’irais crécher dans votre bureau. Je vous dois bien sa, non ? Imaginez… Je serais constamment vos côtés, et je me ferais une joie de vous soutenir dans votre travail. » Déclara-t-elle innocemment.

Le sourire victorieux qu’elle affichait s’élargit, et elle tendit la paume de sa main vers le directeur, attendant impatiemment son butin.

« Ce ton vous convient-il mieux ? »

Le regard d'Adam se durçit. Elle ne ployait pas, et en bon dominateur qu'il était, cela ne lui plaisait pas du tout. Il perdit instantanément son sourire. Il était hors de question qu'elle lui fasse du chantage!
Il hésita un instant à lui balancer tout de même sa clé à la figure histoire qu'elle lui fiche la paix, ou à se baricader dans son bureau pour l'empêcher d'y entrer.
Ces deux options étaient bien puériles cependant, et indignes de lui.

"Non, ce ton ne me convient pas mieux du tout, Mademoiselle Saiduya, et je déplore que notre collaboration débutte de cette façon."

Répondit-il d'un ton dur. Il savait qu'il lui faudrait lui donner cette fichue clé, mais il répugnait à le faire. Ses manières l'indisposaient réellement. Il avait tort, il le savait. Il ne vallait pas mieux que tous ces crétins qu'il méprisait, il le savait.
Pourtant il fit la chose la plus idiote qu'il y avait à faire dans de telles circonstances, et lui lâcha :

"En ce cas, débrouillez-vous."

Et il tourna les talons, rentra dans son bureau, en fermant la porte derrière lui, sans la verrouiller.

Après qu’Adam eut disparu dans son bureau, Nao passa sa main derrière la tête, indécise.
Décidemment, il était très têtu, peut-être autant qu’elle… Elle se trouvait tout de même en position de force, puisqu’il avait indéniablement tort : il est censé flancher le premier. Du moins, en théorie.
Les pas de la co-directrice résonnèrent dans le couloir glacé, jusqu’à la porte du cabinet. Là, elle leva son poing fermé, s’apprêtant à toquer, mais elle stoppa son geste. Devait-elle frapper avant d’entrer ? Adam le méritait-il vraiment ?
Après tout, tout le monde avait le droit au respect, sans compter que Mr Fenril prendrait certainement compte de cette marque de politesse, et qu’il en ferait autant pour elle.

° Allez ma belle, ne te laisse pas marcher sur les pieds. °

La jeune femme tapa deux petits coups sur la porte, puis entra avec détermination, l’air irritée.

« Vous êtes capricieux, Mr le directeur. Vous voulez me voir disparaître oui ou non ? » Dit-elle en croisant fermement les bras, se donnant une allure sérieuse.

Plusieurs secondes s’écoulèrent avant que Nao ne brise le silence qui avait prit possession de la pièce, ce par un bref soupir.
Pourquoi se donnait-elle un air aussi dur ? Quoi qu’elle fasse, elle ne serait jamais suffisamment imposante pour impressionner l’homme qui se trouvait en face d’elle.
Autant rester naturelle…

La jeune femme soupira de nouveau.

« Puisque sa vous ennui tant de me la donner, dîtes moi ou elle se trouve, j’irai la chercher moi-même. » Reprit-elle sur un ton las.

Elle fit quelques pas vers Adam.

« Je me débrouillerai, comme vous me l’avez fait remarquer. » Ajouta-t-elle avec une pointe de sarcasme.

Nao était revenue sur ses pas et avait pris sur elle pour retourner à son bureau, en frappant cette fois à la porte. Adam eut un sourire, il ne pouvait ignorer l'effort qu'elle avait fourni pour faire preuve de politesse... Finalement son entêtement portait ses fruits, et c'était le principal.

Quand elle entra et lui demanda s'il voulait la voir disparaître, il répondit :

"Ce n'est pas votre présence qui m'ennuie, c'est votre attitude..."

Elle faisait manifestement de gros efforts pour se contenir, et Adam appréciait qu'elle prenne ainsi sur elle.

"Nous sommes partis sur de mauvaises bases je crois..." Concéda-t-il alors, d'un ton plus adouci.

Quand elle lui demanda où se trouvait la clé, Adam eut un petit rire. Elle n'imaginait certainement pas que la clé se trouvait sur lui, sans quoi elle n'aurait pas dit ça...
Avec un air amusé, il lui répondit :

"Elle se trouve dans la poche arrière de mon pantalon... vous êtes toujours décidée à venir la chercher vous même?"

Il aurait pu se contenter de la lui tendre, et de la voir disparaître, puisqu'elle l'agaçait tant. Pourtant, il devait bien s'avouer que sa présence ne lui était pas si désagréable, et que l'idée même qu'elle vienne quérir elle même l'objet dans sa poche ne l'était pas non plus... Il voulait juste qu'elle le respecte un minimum, il estimait que ce n'était pas trop demandé de la part d'une collègue qui assumait la même position hierarchique que lui. Ayant de surcroît un tempérament dominateur, il ne supportait pas l'idée qu'elle se permette de se moquer de lui, même si ça démontrait un côté un peu psycho-rigide...

Les yeux de Nao furent traverser pas cette lueur propre aux prédateurs qui viennent de trouver une proie potentiel. Une lumière vive, assez pour illuminer ses pupilles d’habitude si sombres, une lumière trahissant l’actuel état d’esprit de la demoiselle.
Elle s’approcha d’Adam d’une démarche féline, de façon à ce que leur corps s’effleurent sans pour autant se toucher.

« Ne tentez pas le diable, Mr Fenril… » Lui susurra-t-elle alors à l’oreille, tout en posant ses délicates mains sur ses épaules.

Elle lui souffla dans la nuque avec enivrement, ses lèvres épousèrent même brièvement sa peau, comme pour la gouter.
Ses doigts glissaient maintenant le long de son dos en une troublante caresse, seulement séparaient de sa chaire par un bout de tissu qu’ils n’osaient pas encore infiltrer. Les mains de Nao s’arrêtèrent au niveau du fessier d’Adam, et elles plongèrent toutes deux dans les poches respectives de son pantalon.

« Vous apprendrez à me connaître. » Murmura la jeune femme en un souffle, en s’emparant de la clef que ses doigts venaient de découvrir.

Après quoi elle se recula, un sourire provocateur aux bords des lèvres. Elle se dirigea sans plus attendre vers la porte du cabinet, celle donnant sur le couloir.

La belle ne se démonta pas, et il vit nettement passer dans son regard une lueur espiègle qui pouvait passer pour du désir...
Elle s'approcha de lui lascivement, aguichante, et lui sussurra quelques mots à l'oreille. Adam dut se retenir pour ne pas lui attraper les hanches et l'assoir sur son bureau, d'où, belle ironie, il l'avait chassée un peu plus tôt.
Il resta cependant maître de lui même, le souffle peut être un peu plus court, pendant qu'elle soufflait dans son cou, l'embrassant même furtivement, faisant naître un petit élan de désir, rien de bien méchant, dans son bas ventre.
*Les femmes sont toutes les mêmes...* Songea Adam, avant de compléter pour lui-même *Mais c'est comme ça qu'on les aime...*
Ses mains descendaient le long de son dos jusqu'à plonger dans les poches de son pantalon d'où elles tirèrent la fameuse clé.

Sa main, malgré lui, enserra un instant son poignet, comme pour la retenir... la retenir de quoi? De prendre la clé ou de s'en aller? C'était difficile à dire, mais il la relâcha aussitôt, elle s'enfuyait déjà vers la porte, continuant de l'aguicher d'une moue provocatrice.

"Je crois que vous m'avez déjà donné un petit aperçu de votre personnalité, Nao..."

Dit Adam, les yeux détaillant sa silouhette.

"Une diablesse... aguicheuse et provocatrice..." Termina-t-il sans méchanceté, mais avec un peu de dépit dans la voix. Si elle n'avait pas été son égale hierarchique, il nel 'aurait pas laissée filer comme ça. Que l'une de ses subordonnées ou de ses élèves se permette de remuer son joli petit derrière sous son nez en espérant s'en tirer à bon compte, il l'applatissait aussitôt sur son bureau pour lui montrer ce qu'il en coûtait, de provoquer un homme comme lui.
Il aurait pu faire de même avec Nao. Il était suffisament puissant pour l'y contraindre. Mais il avait un certain respect pour sa place, et tenait à rester un peu plus qu'une journée dans ce lycée.
Cela dit, il ne faudrait pas qu'elle le chauffe trop longtemps... ou alors elle devrait l'assumer un peu mieux qu'en s'enfuyant dans son bureau.

Nao quitta la pièce avec l’étrange sensation qu’Adam épiait ses moindres faits et gestes. A l’évidence, il se contenait, et refreinait ses ardeurs. Et oui, elle n’était pas l’une de ses élèves, ni sa secrétaire, et le terrain de bataille était autre. Frustré ?
Elle eut un petit sourire satisfait.

« Lequel de nous deux est la proie et l’autre le chasseur ? J’ai déjà ma petite idée sur la question… » Laissa-t-elle tomber en même temps qu’un sourire carnassier.

Sur ce, elle sortit lentement, et pour de bon.
Contrairement auparavant, elle n’avait plus froid dans l’étroit couloir, au contraire, elle avait chaud, de la même manière que si quelqu’un était en train de la couver. Une chaleur agréable, juste au dessus du seuil de température où l’on se sent bien.
La jeune femme était légèrement excitée.

° Je devrais me méfier, il a plus d’influence sur ma personne que je ne l’aurais cru. ° Se dit-elle en enfonçant la clef dans la serrure de son bureau.

Elle la tourna deux fois vers la droite, puis la porte s’ouvrit, laissant apparaître une pièce sombre, poussiéreuse, mais au mobilier de qualité.
La main de la jeune femme tâtonna sur le mur proche de la porte à la recherche de l’interrupteur, mais celui-ci resta introuvable. S’aventurant alors dans l’obscurité, Nao se dirigea vers les volets clos de la salle, d’où s’échappait un trait de lumière.
Son pied buta une première fois sur quelque chose au sol, probablement le pied d’une chaise. Elle garda néanmoins l’équilibre, et le sol resta à une distance respectable. Elle fit quelques pas, et de nouveau, elle trébucha.
Cette fois-ci, elle tomba à genou dans un petit cri de surprise.

» Rencontre Nocturne [Pv Adam]
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